Mairie de pouilly-sous-charlieu
230 rue de la République - 42720 Pouilly-sous-Charlieu
Du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h

La Cité ouvrière Eugène Rostand


La sirène de l’usine vient de retentir… C’est le sifflet à vapeur qui rythme la journée de travail à l’usine. Les ouvrières quittent alors la cité en passant par l’avenue Brossard. Au premier plan le café MONT suivit de la pâtisserie COURTOT (cf photo ci-dessous).

SORTIE DE L’USINE
Antoine BRÉCHARD
DANS LES ANNÉES 1900 – 1910

Usine spécialisée dans le tissage du coton, matière première qui provenait d’Égypte et qui à la caractéristique de posséder de longues fibres. Le coton Égyptien est le meilleur du monde, et donne des tissus solides, durables.

Contrairement à la légende qui parle d’ouvriers nécessiteux, en haillons, nous constatons, qu’à Pouilly, ce n’est pas du tout le cas !
Le double revenu des familles expliquant sans doute cela (couple de tisseurs ou femme à l’usine et le mari sur l’exploitation agricole avec l’engraissement des bovins de race charollaise).

Les femmes sont plutôt bien habillées et certaines portent même un élégant chapeau.
Souvent une ombrelle ou un parapluie à la main en fonction de la météorologie locale.

Petits paniers à la main dans lequel trouvait place une collation.
L’usine occupait alors de 280 à 350 personnes, souvent des couples, il y avait donc pratiquement autant d’hommes que de femmes.

Voici une vue de la cité depuis le haut du Bois-Lay dans les années 1905/1910.
La cité est composée d’une cinquantaine de maisons à deux logements avec un cabinet d’aisance à l’extérieur, accolé à la maison. Autour de la maison, un jardin.

Bref retour sur la saga des tissages
BRÉCHARD à Pouilly, depuis 1891, et longue de presqu’un siècle…

L’épopée BRÉCHARD remonte à l’année 1878 lorsqu’ Antoine BRÉCHARD rachète l’usine roannaise de son employeur Barthélémy BRISON-DAUMONT située dans le quartier Fontval, à Roanne, au bord de la rivière « Le Renaison ».

Homme d’une intelligence remarquable, il va donner à l’industrie du tissage une grande extension, en introduisant à Roanne les premiers métiers mécaniques Jacquard. Succès oblige et malgré un agrandissement en 1885 de l’usine roannaise, Antoine BRÉCHARD décide de venir s’installer à Pouilly-sous-Charlieu.

Il monte à partir de 1891 un tissage de 600 métiers, accompagné d’une grande cité ouvrière comprenant une cinquantaine d’habitations ; chacune d’entre elles abritant deux ménages avec sur place jardins et lavoirs. Pionnier de l’industrie cotonnière française, Antoine BRÉCHARD devient l’un des premiers à réaliser une unité de production aussi importante.

Le développement se poursuit avec 1 600 métiers en 1906 et la création de la société anonyme des Tissages A. BRÉCHARD en 1907, avec comme principaux actionnaires ses deux fils Ernest et Henri, qui lui succèdent à sa mort en 1921.

La société se développe encore avec la construction du tissage d’Ambierle pour atteindre en 1927 plus de 2.000 métiers, teintures, blanchisserie et apprêts. L’un des plus importants tissages de France pour les articles tissés teints, pour la fantaisie et les articles d’exportation avec une production journalière de 30 000 à 35 000 mètres de tissus. Dans les années 1930, BRÉCHARD est la première entreprise de France de cotonnades en fils teints pour l’exportation, elle est présente sur tous les continents.

Les articles de grande consommation sont principalement des Vichy et Zephir qui donne à l’entreprise une renommée mondiale. L’empire BRÉCHARD atteint son apogée en 1936 avec la plus grosse production réalisée de 9,8 millions de mètres de tissus et plus de 1 600 employés.

La mort prématurée en 1952 de Charles BRÉCHARD, fils d’Ernest et actionnaire depuis les années trente, marque le début du déclin de la société, alors dirigée par son beau-frère Pierre MAILLOT. L’usine d’Ambierle ferme en 1953 et tous les métiers automatiques sont transférés à l’usine de Pouilly-sous-Charlieu.

Entre 1955 et 1965, tous les tissages sont sur le déclin, la demande de tissu teint ayant brutalement chuté. Et l’effondrement des colonies vers lesquelles le tissage BRÉCHARD exportait 30 % de sa production ne fait qu’aggraver la situation. En 1966, l’entreprise, qui employait encore 660 personnes, est vendue au groupe DOLFUS-MIEG et Compagnie (DMC). Celui-ci prend alors contrôle de trois tissages roannais, DECHELETTE-DESPIERRE, BRÉCHARD et DUPUIS-MERLE et Cie.

L’usine de Pouilly-sous-Charlieu finit-elle par disparaître dans les années 1980, victime de la perte de compétitivité, du manque d’investissement face à un outil vieillissant, et d’une main-d’œuvre devenue trop chère au regard de celle des pays émergents.